mercredi 11 mai 2011

Objectifs imprécis (et résultats très clairs)

Dans la poursuite de l'exploration de notre règle en perpétuelle gestation, voici quelques images d’une partie jouée il y a quelques temps.
Ce n’est pas un très beau compte-rendu et je m’en excuse car les photos sont tellement lamentables que j’ai longtemps hésité à les publier. Mais cette partie est intéressante (pour nous, au moins !) à plusieurs titres. J'avais cette fois encore décidé de tester quelques nouveautés et nous avons décelé quelques incohérences qui vont demander de se remettre au travail. Mais comme je sais que quelques personnes suivent ce projet Indochine avec intérêt, je pense qu’il peut être bien d’expliquer vite fait ce qu’il s’est passé.


La table en cours de mise en place

Dans un premier temps, nous avons opté pour un placement de terrain un peu particulier. Sur la table de l'atelier, une trame de terrain (2 villages, une grande zone de rizières inondées, une voie ferrée en partie détruite, une route et une rivière) était installée. Le Viet Minh devait cette fois-ci jouer la défense, le Français serait l'attaquant. Il était établi qu'il entrerait sur la moitié orientale de la table. C'est à dire le grand bord de table à droite de l'image tout en pouvant déborder sur la moitié est des bords latéraux.
Puis Christophe et moi-même avons placé le reste des terrains alternativement: collines, plantations, champs, bosquets, obstacles divers.


Une vue générale

Première erreur, on a laissé le Viet se placer sur la pleine table. C’est à dire qu’il n’y avait pas de zone de « sûreté » qui permettrait au Français de s’installer et de choisir un déploiement adéquat. Comme Christophe avait posté des groupes de tireurs directement sur les deux collines qui bordaient la route au nord-est, la compagnie d’infanterie française a immédiatement subi des tirs meurtriers. Mais alors très, très meurtriers !



Sur la colline du fond, les Coloniaux aperçoivent aussi un blockhaus. Celui-ci n’était pas sur la table et Christophe l’a dévoilé lorsque ma compagnie s’est trouvée en position de le voir. (Les troupes VM ont été choisies par Christophe selon un barème de points. Le blockhaus en faisait partie, ainsi que des pièges, des barricades, etc). Dès les premiers tirs, j’apprends aussi avec douleur qu’il abrite une pièce d’artillerie. Les dégâts sont déjà tellement énormes que je suis obligé de faire entrer une section de réserve.


Les Viêts se dévoilent.

Premières pertes françaises





Lorsque mon activation arrive, je donne aussitôt l’assaut sur les collines après les avoir attendries par le feu des blindés.
A gauche, la position est conquise sans plus de pertes et je fais même des prisonniers.
Sur la colline de droite, le ménage est rapidement fait aussi, notamment grâce à l’appui du blindé qui prend les VM en enfilade. Christophe comprend trop tard qu’il aurait du replier ses hommes après les bons tirs du premier tour. Maintenant, il est trop tard... Pour ma part, je devine que ce détachement ne devait pas être isolé et que la plantation de cocotiers doit cacher d’autres adversaires. Je choisis de planquer mes hommes sur le flanc de la colline et de les laisser souffler. Ils ont déjà assez pris de coups...


Positions prises et VM capturés


Assaut avec un appui blindé



Sur la colline de gauche, les nouvelles positions en hauteur permettent aux Français de découvrir un peu mieux le déploiement VM, notamment une section qui manœuvre dans le village de l’autre côté de la rivière, dans le but de contre-attaquer la position qui vient de tomber.
Très affaibli, ne voyant arriver de renforts et menacer par les terribles tirs venant du blockhaus, je n’ose marcher sur le village avec ma compagnie décimée... La boulette !



Et alors, stupeur. Christophe m’avait vu faire un test lors du tour précédent sans avoir la moindre idée de ce qu’il impliquait. Et tout d’un coup, les moteurs vrombissent au-dessus de la table et le ciel se pare de corolles blanches. Les Viets en sont estomaqués et je suis bien content de mon petit effet. Les paras français interviennent. Depuis le temps que je lui promettais ça, Christophe avait fini par douter que je jouerai un jour mes parachutistes.



Et une compagnie saute sur le plateau de la voie ferrée, au sud du village... et tombe pile sur une section VM !
Pour un premier saut, c’est un succès. Pas un groupe ne s’égare, pas un blessé lors des tirs de réaction viêt. En un éclair, les deux détachements ennemis situés sur le plateau sont éliminés. Le PC et les 2 groupes restant sur la colline échappent à mes tirs et demanderont donc un peu plus de temps. C’est problématique car mon principal ennemi est le temps. Nous avons en effet décidé d’un nombre de tours restreints et comme mes paras sont arrivés un peu tard, je dois maintenant taper vite et fort.



Christophe doit composer avec cette nouvelle menace. Il revoit ses plans. Aussitôt, des éléments embusqués dans les broussailles sur les pentes du plateau se re-positionnent derrière le Bouddha pour contrer mes paras.
Derrière eux, au bord de l’eau, d’autres marqueurs viêts se mettent en mouvement. Sont-ce des leurres ou de vraies troupes ? Le doute est encore permis car il y a encore des marqueurs non dévoilés sont postés dans le village et mon adversaire ne l’a certainement pas laissé sans garnison. Quoiqu’il en soit, je ne les crains guère car mes paras sont des durs à cuirs et j’estime qu’ils devraient pouvoir tailler l’ennemi en pièces avant qu’il ne se regroupe.
Autre avantage, l’arrivée des paras empêche les Viêts de concentrer leurs forces contre les débris de ma compagnie d’infanterie au nord-est.



Malheureusement, tout se passe mal. Derrière le Bouddha se dévoilent un groupe d’infanterie et une mitrailleuse qui vont clouer une partie de la compagnie para, tandis que le reste de la section VM située sur la colline va résister aux tirs et devra être réduite par un nouveau corps à corps. Je m’enlise alors qu’il faudrait foncer !



Cette situation me force à agir sans la moindre prudence. Au-dessus de la route, la compagnie doit passer un test de cohésion (en raison de ses pertes élevées). C’est un succès. J’attaque aussitôt la plantation de cocotiers avec les coloniaux malgré leurs faibles effectifs. L’ennemi y est présent, comme je m’y attendais. Mais il s’agit de miliciens et leurs tirs sont médiocres. La position est enlevée comme à la parade et les rescapés s’égayent entre les arbres en direction du village.





Malheureusement c’est la fin de cette partie acharnée. Je n’ai pas été assez rapide. Christophe dévoile ces dernières troupes : une section prête à partir défendre la voie ferrée et un sniper isolé, seul dans le village ! j’aurai peut-être pu m’en emparer si j’avais tenté une action plus agressive. Mais mes coloniaux étaient proches de la débandade et j’ai déjà dû passer 2 tests de cohésion pour savoir s’ils pouvaient encore agir.


une section viêt-minh infiltrée le long de la rivière


un sniper (il était caché dans une maison, bien sûr)

Il est temps de dresser mon lugubre bilan. Comme annoncé, le résultat est sans appel. Mesdames et Messieurs, c’est une grande première ! Depuis le début de nos parties Indo, c’est enfin une victoire viêt-minh. Bravo à Christophe qui a su optimiser son placement et ses tirs.

On aurait sans doute pu continuer un peu. J’aurai même peut-être pu prendre quelques-uns de mes objectifs, en particulier vers la voie ferrée, parce que les Viets commençaient à être sérieusement affaiblis et les paras étaient encore costauds. Mais le gong a retenti et les Français n’ont pu prendre aucun objectif. Même les points de victoire dus aux pertes sont en leur défaveur. Ça s’appelle prendre une pâté. A charge de revanche.

Un mot sur les objectifs 
Dans la logique de notre placement du terrain aléatoire, nous avions aussi listé un certain nombre de lieux sur la table qui pouvaient être autant d’objectifs. Chaque joueur devait ensuite décider secrètement de ses objectifs principaux en leur attribuant des points de victoire. Deux objectifs communs existaient toutefois pour que les adversaires ne puissent pas complètement s’ignorer. Par exemple, la partie détruite de la voie ferrée était un de ces endroits. Je ne savais pas du tout que Christophe y avait placé des points de victoire (juste parce qu’il avait noté que ce point était le plus éloigné de l’entrée des Français, le fourbe !). Et lui-même ignorait qu’il s’agissait de mon objectif principal (parce que je pensais que mes paras me permettraient de l’atteindre plus facilement).

En conclusion
Sur un scénario de ce type, obligation de prévoir des forces bien plus considérables pour l’attaquant qui va se retrouver en terrain découvert ou au moins sous les tirs d’un adversaire installé. En plus, Christophe avait fort judicieusement calculé ses angles de tirs et ses tirs ont été très efficaces.
Ce qui m’amène à me poser la question suivante : ont-ils été trop efficaces ? Le premier tour a vu l’immobilisation et la quasi-élimination d’une compagnie entière. D’accord elle était en terrain clair, et d’accord c’est déjà arrivé dans la vraie guerre. Mais le scénario ne rejouait pas un assaut sur une position fortifiée comme à Dien Bien Phu. Il s’agissait d’une opération de nettoyage normale dans une rizière normale. Dans ce contexte, les troupes prises pour cible se jettent rapidement à terre ou dans les buissons. Au pire, elles enregistrent quelques pertes « légères ». Rien en commun avec ce que nous avons connu. Ceci me fait donc songer qu’il faut peut-être repenser les tirs et leurs résultats.
Le problème est 1) que je ne veux pas jouer une règle qui simulerait un système de combat complètement irréaliste et 2) que l’on ne peut peut-être pas jouer à l’échelle de la compagnie voire du bataillon, en espérant obtenir des résultats trop proches du jeu d’escarmouche. Pourtant les faits sont là : beaucoup d’opérations d’envergure impliquaient d’importants effectifs et se soldaient par des pertes « très légères ». Mais les règles (du moins celles que je connais) permettent rarement de rendre ça.

Par contre, d’autres choses semblent satisfaisantes, comme les sauts des paras (pour l’instant un peu trop emprunté à Blitzkrieg, mais le système va évoluer) et surtout les corps à corps, rapides et décisifs.

A suivre dans quelques temps, même si nos capacités à trouver des temps de jeu sont faibles pour les semaines à venir...

PLAY LIST de la partie/
Richard Hawley – Cole’s croner
Avi Buffalo - Avi Buffalo
Feelies – Crazy Rythms

3 commentaires:

Behaine a dit…

Compte-rendu très bien fait. Moi qui n'aime pourtant pas trop cette période, ça m'a donné envie ! Bon courage pour les tests !

Oncle Ho a dit…

Le projet s’étoffe !

Je trouve effectivement pas totalement surprenant qu'une compagnie (fusse-t-elle d'élite) se fasse hacher tout crû à découvert face à un ennemi installé.

Plus spécialement concernant ton CR, peut être faut-il effectivement ménager une "zone de sûreté" comme tu le dis. Ce genre de situation, du style embuscade, devait se produire rarement (?). Après, c'est jamais facile de préparer un scénario, je préfère de loin installer moi-même le terrain de façon à éviter ce genre de déconvenue dès le début de la partie.

Après, c'est aux joueurs de se débrouiller.

Concernant le budget, grosso modo, j'estime que l'attaquant doit avoir une supériorité de 2 contre 1 au minimum pour qu'un scénario du type attaque/défense puisse égaliser les chances.

Apa a dit…

Absolument d'accord avec toi.
J'ai fait preuve de naïveté :) et le scénar était un peu improvisé !

Merci pour vos commentaires.

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